Ordinateur Bull GE 115 (1966)
 

Le GE115 était d’origine Olivetti, avant que cette division fut reprise par GE sous le nom de OGE (Olivetti-General-Electric).
Cet ordinateur, petit pour l'époque, s’appelait ELEA 4115.
Conçu à Ivrea par Olivetti en 1962, l'ELEA 4115 prit le nom de GE 115 lorsque l'informatique d'Olivetti fut reprise par GE vers 1964-1965.

Ces machines étaient de couleur brune (typiquement italien comme leurs trains à l'époque) , et sur les prototypes , les carters étaient troués à hauteur des pins du câblage pour pouvoir tester et mesurer sans enlever ceux-ci ! Pratique pour les développeurs, mais très peu esthétique.

Les boutons de commande étaient situés dans haut de la baie UC.
Mais le bouton ON-OFF était situé dans le bas de la machine ( on peux l'apercevoir sur la photo de gauche, dans le ligne blanche); peu pratique mais l'ensemble d'alimentation était dans le bas de la machine. les ingénieurs n'avaient pas jugé utile de tirer des fils de bas en haut !

Dans la version définitive, on a gardé les carters , un par rack logique, mais peints et en bleu .

La version de départ s’appelait 115/1 et a été suivie très vite de la version 115/2 avec une console séparée plus ergonomique ( heureusement !!) et un carter unique par face de l’unité centrale .

 

 Le GE 115 était un ensemble électronique à cartes, bandes et disques magnétiques.
La logique du GE 115 était exclusivement à base de transistors.
On remarque une particularité du système : la baie centrale du GE115 et deux ailes latérales sont reliées par des câbles caché sous un plancher livré avec la machine. De même entre l'imprimante et le LD1.On évitait ainsi au client l'installation d'un faux plancher.

Le réseau Bull GE diffusa largement cet ensemble bien adapté aux PME européennes, concurrent de IBM 360 /20. Il bénéficiait de périphériques conçus par Olivetti et Bull.

On voit ici l'imprimante I51, l'unité centrale , 8.000 octets de mémoire (!), le lecteur de cartes CR10 (100 cartes/min),  le lecteur de document LD1, le perforateur de cartes P85.

Les évolutions : GE 120 et GE 130.
La logique de cette série, dite " série 100 " était à base de circuits intégrés TTL.
Fut aussi commercialisé, le GE 105, petit système destiné à travailler en terminal à distance (transmission de fichiers cartes te réception d'états imprimés ).

Il exista aussi une version réduite du système, appelée GE 105, comprenant essentiellement une UC de base, un lecteur de cartes, une imprimante et un contrôleur télécommunication.
Cet ensemble servait de poste de "remote batch" pour des systèmes du type GE 400 ou GE 6000 dotés d'un contrôleur Datanet.

On voit ici de gauche à droite :

Le lecteur de bande perforée (options : trous ronds 5,6,7,8 canaux ou..carrés!), 500 caractères / sec.
Le lecteur de cartes 600 cartes/min
L'unité Centrale GE 115 (4.096 à 16.384 oct, cycle de base = 6.5 microsec.)
Trois dérouleurs de bande 30 Kc/sec (existaient aussi des 60 Kc/sec)

Programmation: autocode APS, macro TAB, Cobol 61, Fortran IV

Note : pour ce type d'ordinateur on ne parlait pas encore "d'operating system". Un BIOS de base suffisait.

réf : BGE Syst Inf. n°0011073

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Les disques magnétiques

Il y eut, au cours du temps des disques de diverses capacité connectables aux GE 120 et 130 :

DSU 130,(ou DS13), 2 millions de caractères par unité répartis sur 5 plateaux. Amovibles. Temps d'accès moyen = 95 ms (!)
             . Origine CDC. (sur la photo)
DSU 110, 2.3 millions de caractères par unité sur deux  plateaux, un fixe et un amovible se présentant dans une cartouche.
         Ils avaient été conçus par Olivetti-GE, mais leur mise en place et fabrication fut confiée à l'usine Bull de Angers, vers 62-63.
               Cela ne se fit pas sans quelques difficultés. (réf Jean-Pierre Navarro). Voir ci-dessous anecdote sur la fabrication de ces disques.
DSS 161, 7,63 millions de caractères par unité répartis sur 5 plateaux. Amovibles. Origine CDC.
                On retrouva ces disques sur la série GE 400.

 

DSU 110 : Jean Pierre Navarro raconte :

J'avais, dans le courant des années 1968/1969, intégré par l' intermédiaire d' une société parisienne d' interim, l' usine de  BULL-GE à ANGERS. J'y ai travaillé a la réalisation de toutes les gammes de fabrication de cette machine au seine du service des méthodes.
Suite à cette expérience , je vous raconte l' histoire suivante :
 
(ndrl : histoire très instructive sur les difficultés de faire collaborer des entités d'un même groupe sans tenir compte des facteurs humains)

 Le DSU 110 a été étudié en Italie  par Olivetti (OGE).  Malgré quelques erreurs de jeunesse OGE était persuadé  d' avoir le privilège de faire entrer en production cette machine dans leur usines italienne. Hélas pour eux, au dernier moment , pour des raisons que j'ignore , ordre a était donné a Bull Anger de prendre en charge la mise en place et la réalisation des prototypes et prés-serie . 
Ainsi je fus amené à réaliser une grande partie des gammes de fabrication et études des postes de travail pour la future fabrication de cette machine ,

 J'ai gardé le souvenir que nous avons eu les plus grandes dificultées avec les italiens , lesquels n'avaient pas du tout apprécié qu'on leur pique ce travail , et avaient trouvé toutes les astuces possibles  pour nous mettre des bâtons dans les roues.
J' explicite :

 Pour chaque sous ensemble il devait y avoir un  ensemble de plans définissant ce sous ensemble. Or il manquait toujours deux ou trois plans clefs, ce qui nous retardait considérablement dans l élaboration des gammes de fabrication.
Pire : certaines fois des plans étaient volontairement faux , ou étaient d' un indice de correction anciens. D'où nous avions bien sûr des difficultés a comprendre

 Chaque début de semaine , nous avions une réunion générales de tous les intervenant à ce projet , Bureau d'étude chargé du contrôle de la véracité des plans , Service des méthode , chargé de la faisabilité et de la construction "virtuelle", et bien sûr, service ordonnancement chargé de l'approvisionnement en flux tendu de tous les composants .
 A ces réunions, inévitablement, je débarquais avec un tas d' anomalies et de problèmes a résoudre !

Juste un exemple , parmi tant d' autres :

Un assemblage de deux pièces dont l'une portait un trou taraudé diamètre 10x 150, mais la pièce correspondante, sur le plan, avait un trou de passage de  diamètre 6 et, en plus, la vis qui devait assembler le tout portait la référence d'une vis de diamètre 12 x 175 : De quoi rendre fous tous les intervenants !

 En plus de cela, j'ai gardé le souvenir d'avoir été pris en grippe  par une grande partie du staff des méthodes. J'avais en effet participé a la construction du prototype de la P112 (voir cette histoire dans P112 ). Je savais  que les operateur de ligne chargé de monter  les différents appareils ,(homme ou femmes ), n'avaient qu'un niveau de OS2 (ouvrier dit spécialisé ), donc sans aucune formation technologique. La plupart avaient des difficultés a interpréter les dessins sous le format normalisé ISO (vue de dessus , vue de face , vue de droite , ou vue de gauche ). Pour eux j'avais donc eu l' idée d' introduire dans mes gammes de fabrication en plus de la procédure écrite , des vues , dites éclatées (en perspective) dont la lecture  était a la portée de tous , techniciens ou pas .(à la façon des produit de chez IKEA )

  Au vu de ma méthode quelque peu cavalière et inhabituelle , j'e fus convoqué par le directeur des méthodes pour lui fournir des explications que j'ai aussitôt extrapolé en démonstrations , sur les chaines de montage : Je proposai à l' opérateur un modèle ancien et "traditionnel" des gammes en vigueur, puis dans la foulée une de mes gammes avec vues éclatées. La démonstration fut probantes , et ma manière de faire fut aussitôt adoptée par le directeur des méthodes. Plus : il  obligea l'ensemble des agents des méthodes de faire pareil . Mais à cause de cela, je ne vous dis pas le nombre d'ennemis que je me suis fais en l'espace de quelques minutes ! .
Heureusement, entant qu'intérimaire, je n'étais pas amené à continuer à travailler longtemps avec eux !
 L'usine d'Anger avait cependant insisté pour m'embaucher en fin de contrat intérim. mais la jeunesse m' appelait à d' autres aventures a cette époque !

 

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